Les aidants familiaux des seniors atteints de démence améliorent-ils la qualité de leurs prescriptions médicamenteuses ?
Sylvain Pichetti  1@  , Marc Perronnin, Penneau Anne@
1 : Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé (IRDES), Paris, France
IRDES

La qualité de prescription médicamenteuses des seniors atteints de démence est un enjeu de santé publique majeur. En effet, les risques d'iatrogénie en cas de prescriptions inappropriées peuvent entraîner des conséquences particulièrement lourdes pour ces personnes. Les aidants sont souvent amenés à jouer un rôle de coordination des soins avec les professionnels de santé, ce qui peut impacter les prescriptions : en facilitant le dialogue lors de la consultation (Gillespie et al. 2013), dans la recherche d'informations sur les traitements nouvellement prescrits (Aston et al. 2017), ou en signalant des effets inattendus et indésirables (Smith et al. 2015, Lee et al. 2019). La majeure partie des études sur le sujet sont des études qualitatives qui se centrent sur l'aide à la prise des médicaments apportée par les proches aidants. Il existe peu d'étude questionnant l'impact des aidants familiaux et professionnels sur la qualité des prescriptions. A partir de données quantitatives, notre étude a pour objectif de mesurer l'impact des aidants familiaux et professionnels sur le risque de prescriptions inappropriées des seniors atteints de démence (traitements par benzodiazépines de durée supérieure à 3 mois, prescriptions par hypnotiques au long cours, traitements par vasodilatateurs ...).

L'étude s'appuie sur l'enquête Care Ménages de 2015 qui permet d'identifier les seniors âgés de 60 ans et plus atteints de démence, leurs caractéristiques, le profil de leurs aidants, mais également leurs données de consommations de soins et de prescriptions médicamenteuses. L'impact de l'aide familiale et professionnelle sur les prescriptions inappropriées est estimé par un modèle négatif binomial sur le cumul des prescriptions inappropriées. Nous contrôlons de l'âge, du sexe, du revenu, du niveau de troubles cognitifs, et de l'état de santé de la personne. Afin de prendre en compte l'endogénéité du modèle, nous avons instrumenté la probabilité d'avoir un aidant familial par le fait d'avoir une fille ou un conjoint.

Les premières analyses permettent de constater que le fait d'avoir au moins un aidant familial réduit de 18% le nombre de prescriptions inappropriées. Le fait d'être une femme, d'avoir des troubles du comportement, et un plus grand nombre de pathologies sont associés à un nombre de prescriptions inappropriées plus élevé tandis qu'un niveau de revenu plus élevé est lié à un niveau de prescriptions inappropriées plus faible.

On observe un impact important des aidants familiaux sur la qualité de prescription médicamenteuse, ce qui confirme le rôle majeur de coordination des soins médicaux qu'ils endossent.

Bibliographie

Aston, L., A. Hilton, T. Moutela, et al. (2017). "Exploring the evidence base for how people with dementia and their informal carers manage their medication in the community : a mixed studies review " BMC Geriatrics 17(242)

Gillespie, R., J. Mullan and L. Harrison (2013). "Managing medications : the role of informal caregivers of older adults and people living with dementia. A review of the literature " Journal of Clinical Nursing  23: 3296-3308.

Lee, M., J. Ryoo, C. Campbell, et al. (2019). "Exploring the challenges of medical/nursing tasks in home care experienced by cargivers of older adults with dementia : an integrative review." Journal of Clinical Nursing 28(23-24).

Smith, F., M. Grijseels, P. Ryan and R. Tobiansky (2015). "Assisting people with dementia with their medicines : experiences of family carers " International Journal of Pharmacy Practice 23


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