Le militantisme sourd connaît de profondes mutations tout au long du XXe siècle. Ainsi, on peut se demander quel est le rapport entre les fameux banquets de Ferdinand Berthier du milieu du XIXe siècle, et le mouvement du Réveil sourd de la fin du XXe siècle ? A première vue, on peut penser à la défense de la langue des signes, du droit des sourds. On peut aussi penser à une certaine continuité entre Berthier et le réveil Sourd. Or, il s'est avéré que ce n'est pas du tout le cas. Les évolutions des combats des associations sourdes sont également réalisées en fonction de la perception de ces revendications par la société française, et donc des changements de celle-ci. On peut remarquer plusieurs phases du militantisme sourd durant ce siècle, passant de la défense de la langue des signes jusqu'à la volonté de promouvoir l'éducation orale. Cependant, une analyse plus fine montre qu'il y a eu d'évolutions, mais aussi de renoncements au cours du terrible XXe siècle.

En effet, le mouvement militant sourd français a dû composer avec les changements de la société française, des mutations politiques, et surtout, des transformations au sein de la communauté sourde. Ainsi, les objectifs initiaux de la Belle Epoque s'en trouve peu adaptée aux aspirations de cette communauté des années 1920-1930 davantage demandeuse des objectifs bien plus locaux que nationaux. Avec la pression des associations d'amicales d'anciens élèves, en très grande majorité issus des établissements de province sous le contrôle des religieux, le combat militant mute au cours des années 1950 vers davantage de conservatisme et de défense de la politique éducative existante, et surtout, en faisant basculer de Paris vers la Province, la conduite des actions militantes. Cet changement fait marginaliser la région parisienne davantage suspecte de sympathies envers la langue des signes. Cette période, est davantage considérée comme l'ère du Déni, où justement les sourds renoncent eux-mêmes à leur identité, et à leurs besoins éducatifs, exception faite à la revendication pour le permis de conduire en 1959. 

Cependant, les débuts du Réveil sourd font amorcer un changement de balancier à destination de Paris, et donc de la défense de la langue des signe. La perte de contrôle s'est faite graduellement entre le congrçs de Washington en 1975 et celui de la première deaf way en 1989. En une dizaine d'année, le basculement du mouvement associatif sourd s'accompagne d'un bouleversement profond de la société française qui soutient davantage les revendications des sourds par rapport aux décennies précédentes. Le point final de ce changement a été le congrès de Narbonne qui a soldé l'héritage de Saint-Antonin.

La communication présentera donc une analyse des grandes lignes de chaque phase et de ce qui a conduit à ces évolutions en fonction, non seulement du contexte, mais également des choix des dirigeants associatifs.

Bibliographie indicative

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Pelletier, Armand, et Yves Delaporte. « Moi, Armand, né sourd et muet » : au nom de la science, la langue des signes sacrifiée... [[Paris]: Plon, 2002.