Des dispositifs innovants alternatifs à ceux du modèle dominant d'inclusion des jeunes d'établissements médico-sociaux (EMS) dans le « milieu ordinaire »
Nicolas Guinard  1@  
1 : École des hautes études en sciences sociales
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), École des Hautes Études en Sciences Sociales [EHESS]

Des dispositifs innovants alternatifs à ceux du modèle dominant d'inclusion des jeunes d'établissements médico-sociaux (EMS) dans le « milieu ordinaire » 

 

La présentation que je souhaiterais avoir l'honneur de faire lors de la 11ème conférence ALTER au Campus Condorcet le 29 ou 30 juin se fondera sur les premiers résultats de ma recherche doctorale qui vise à identifier, décrire et analyser des initiatives innovantes d'éducation dite inclusive de jeunes ayant des troubles psychiques, intellectuels, du comportement ou avec autisme, alternatives au modèle dominant d'inclusion dans le « milieu ordinaire », entendu ici principalement comme le milieu scolaire. Elle se concentrera sur un public avec troubles du spectre autistique (TSA) avec une déficience sévère associée, accueillis en Instituts médico-éducatifs (IME) en France.

L'injonction de coopération entre acteurs du médico-social et de l'école rencontre des résistances qui révèlent les impensés de la politique d'inclusion. Elles résultent notamment des tensions entre une conception de plus en plus intégrée, universelle et indifférenciée de leurs usagers ou élèves et la demande expresse d'une adaptation de plus en plus précise à leurs singularités, entre la nécessité d'assurer la participation de tous en même temps que la protection de certains. Cependant, en parallèle des difficultés de l'école peinant bien souvent à inclure en son sein les jeunes des EMS, sont nées des coopérations locales inédites visant à favoriser des interactions entre jeunes d'établissements médico-sociaux et jeunes tout-venant à travers la mise en place d'activités éducatives aux contenus variés : activités de sport « unifié » dans lesquelles des adolescents non handicapés jouent dans la même équipe que des adolescents avec handicap, groupes mixtes fonctionnant sur ce même principe dans des activités variées (cuisine, musique, bricolage, théâtre etc.).

Ces expériences qui révèlent un véritable « dynamisme inclusif » partant des professionnels des EMS sont souvent peu visibles, fragmentées et peinent à s'installer dans la durée. Ma présentation consistera en particulier à tenter de mettre en perspective certains savoirs issus de ces expériences. Elle prendra pour point d'appui un travail ethnographique approfondi effectué sur l'observation de dispositifs inclusifs en action et sur le travail des organisateurs de ces dispositifs (observation des réunions, entretiens). Une focale sera mise sur des expériences en « inclusion inversée » dans lesquelles des lycéen.ne.s viennent dans l'établissement spécialisé pour faire des activités avec des jeunes avec TSA. Ce type d'expérience, en mixité, dans lesquelles les objectifs travaillés collectivement concernent au premier chef les jeunes d'IME représentent une double inversion par rapport au « dogme inclusif » dominant : inversion du lieu d'inclusion et inversion de la démarche d'accessibilité pédagogique (l'écart de compétences entre les jeunes avec handicap et les jeunes tout-venant n'est en effet pas pensé comme devant exclusivement être comblé par les premiers mais aussi par les seconds).


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